ETHIQUE et LUTTE CONTRE l'ISLAMISME RADICAL


Présentation

L'Institut d'éthique contemporaine (think tank créé en 2011) œuvre dans le large champs de la réflexion éthique. A ce titre, nous allons nous pencher sur le sujet de la lutte contre l'islamisme radical par volonté d'aider à la résolution de cette difficile question qui se pose à nous tous.

L'attente du public est considérable, il suffit de voir le succès des émissions de radios, télévisions, des articles de presse qui traitent des sujets de la lutte contre l'intégrisme religieux.

La violence et la gravité des attentats terroristes ont contraint le gouvernement à organiser dans l'urgence des mesures de sécurité diverses et de créer des équipes de prévention pour lutter contre la radicalisation islamique qui est devenue un danger majeur pour nous tous. Il est urgent d'avoir sur cette prévention une organisation exemplaire.

L'état aidée par des Associations doit assurer toute la responsabilité de l'organisation de cette lutte. C'est une tâche particulièrement difficile dans le sens où aucune structure de déradicalisation n'existait vraiment et que les modalités d'interventions se créaient en temps réel et sans recul sur leur efficacité. La première réaction est de penser que la déradicalisation ne peut pas fonctionner puisque l’individu radicalisé sera bien rarement volontaire pour se déradicaliser.

Dans la logique psychothérapique, l'accord et la motivation du patient sont des éléments impératifs. Il s'agit également d'une base éthique puisque à la différence des systèmes de conditionnement, tous les psychologues et psychothérapeutes dignes de ce nom soulignent la nécessité d'avoir l'accord entier et éclairé du patient. Les suivis sous contrainte n'offrent guère de résultats mais la déradicalisation ne se réduit pas au seul champ de la psychothérapie individuelle.

Quelques équipes ont vu le jour pour répondre aux questions des familles touchées par l'intégrisme, familles souvent déchirées en grande souffrance de voir agir leur enfant, leur frère (ou sœur). Ce déchirement familial est à prendre en compte avec des protocoles précis. Ce volet d'intervention concerne les thérapies familiales qui représentent une spécialité à part entière qui malheureusement a été peu présente dans les premières équipes.


I) Bilan éthique des pionniers français de la déradicalisation

1) Familiers de l'Islam, ils ont été les pionniers et les précurseurs des premières tentatives de déradicalisation en France. Consultants sans véritable expérience de gestion d'une équipe, leurs méthodes, pleines de bonne volonté, n'ont malheureusement pas apporté tous les résultats escomptés. Au fil des mois, sans rigueur financière, leurs chiffres aux sources incertaines sont devenus de plus en plus approximatifs.

On peut parler de méthodes improvisées et teintées de religiosité qui ont laissé sceptiques nombre d’observateurs. En effet, la première organisatrice , partisane d’une approche « cultuelle », a fait appel à des salafistes non violents dits « quiétistes » pour remettre les jeunes dans le droit chemin. La seconde, dédouanant la religion de toute responsabilité, a assimilé la radicalisation à un phénomène d’emprise sectaire, opérée à plus de 90 % sur Internet. Les interventions se sont effectuées dans les familles sans le protocole nécessaire à toute thérapie familiale.

Ces logiques d'intervention, sans neutralité et sans distanciation nécessaire par rapport à la religion, ne peuvent être considérées comme laïques. Cette façon d'interpréter l'islamisme radical comme complètement étranger à la religion est souvent remise en cause par la réalité puisque des liens complexes existent et qu'il y a justement nécessité de les dénoncer. La théorie de l'emprise sectaire est très controversée car elle nie toute une partie du processus de radicalisation. Ce processus, parfois lent, parfois très rapide, commence à être mieux connu. Dans la réalité, les lieux de transmission sont connus, prisons, mosquées salafistes alors que le plus souvent internet n'arrive qu'ensuite pour renforcer les conditionnements et la communication des terroristes.

Dans un livre intitulé « Cellule de déradicalisation. Chronique d'une désillusion » Julien Revial, un ex-employé d'une de ces structures, raconte son expérience. La responsable se présentait tantôt comme juriste, tantôt comme psychologue, tantôt comme policière. Alors que la structure vient d'ouvrir et qu'elle en est à ses balbutiements, le défilé des médias commence. « Un mois après notre emménagement, nous avions déjà reçu cinq journalistes et seulement deux familles ».

Ces structures ne fonctionnent plus, l'une n'a pas vu ses crédits renouvelés, l'autre a renoncé à poursuivre sa mission alors qu'elle était largement remise en cause, maintenant investie dans un rôle au cinéma, nous sommes bien loin d'une position éthique. C'est toute une étape où la laïcité était mise de côté qui se termine.

2) Plusieurs mères de djihadistes, riches de leurs expériences, motivées pour réagir, ont créé des associations dans le but d'éviter d'autres départs au djihad et d'essayer de faire revenir leurs enfants à la raison. Ce sont des tentatives courageuses mais ces femmes possèdent peu de moyens financiers. Elles parviennent à témoigner mais elles sont en difficultés pour fédérer des groupes vraiment actifs dans des actions de lutte contre la radicalisation.

3) Certains praticiens des sciences humaines sont entrés dans l'aventure de la déradicalisation. Comme dans tous les nouveaux challenges, des personnalités sont poussées par leur égo à concevoir rapidement des concepts sans véritable travail d'équipe. Ainsi le concept « daechien » autrement dit les adeptes de Daech, de prime abord séduisant, n'est pas sérieusement étayé par des textes. Nul ne sait exactement ce que ce concept recouvre.

D'une façon générale, certaines critiques éthiques soulignent des interventions pas toujours laïques de certaines équipes qui incarnent plus ou moins ouvertement une religion. Cependant, les critiques soulignent surtout le rapport médiatique de ces personnes davantage occupées à s'adresser aux journalistes au lieu d'être sur le terrain. Ceci est contraire à l'exigence de discrétion et de discernement indispensable pour de telles fonctions.


II) Une Charte éthique à reconnaître lors de l'engagement

Afin d'éviter de nouveaux dérapages et de rendre performantes les équipes, il semble nécessaire de proposer une charte simple et de s'assurer de son respect.

Nous proposons un embryon de cette charte qui doit être débattue :

1) Être respectueux des lois françaises et des principes de la République (en tout lieu la laïcité doit être respectée et honorée)

2) Refuser tout clientélisme politique et toute récupération religieuse.

La neutralité politique et religieuse doit être actée par les intervenants de la déradicalisation, au même titre que les fonctionnaires. La neutralité politique et religieuse implique l'interdiction du prosélytisme qui doit être complètement exclus de leur pratique.

3) Observer une discrétion professionnelle sans communication des informations confidentielles aux médias. L'un des principaux travers observés a été cette acceptation de cette hyper présence médiatique. Ce comportement brise la confiance de tous ceux qui acceptent de se livrer. La sécurité est également mal assurée par ces témoignages intempestifs.

4) Ne pas dépasser les défraiements et honoraires prévus préalablement.

Des mauvaises utilisations de l'argent public ont été observées par les premières équipes. Naturellement, la transparence financière doit être rigoureuse, les nouveaux services sensibles seront spécialement observés. L'exemplarité est un élément déterminant pour construire un idéal que toutes ces équipes doivent incarner.

5) Transmettre toutes les informations utiles aux services de renseignements.

Le traitement de l'information doit se faire précisément et rapidement. Les échanges avec la police et les services de renseignements doivent pouvoir fonctionner en toute confiance.

6) Conserver la priorité sur la sécurité du public.

Les éducateurs mais plus encore les médecins et les psychologues placent en priorité absolue d'aider ceux qu'ils prennent en charge. Dans ce contexte, les intervenants ne sont pas seulement des thérapeutes mais ils possèdent un devoir d'investigation et de transmission des informations. C'est le devoir pour tous ceux qui exercent ces fonctions de prendre en compte par priorité la sécurité du public et ceci représente une situation inhabituelle et expérimentale.


III) Un projet cohérent

Les actions de déradicalisation doivent comprendre plusieurs volets très différents. Chacun de ses volets doit s'ouvrir à des approches multidisciplinaires coordonnées entre elles afin de posséder une cohérence et d'éviter au maximum les concurrences et les interférences négatives entre les différentes équipes.

1 - L'intervention auprès des familles demandant de l'aide ou signalées par un tiers.

Une prévention urgente sur le terrain est l'élément efficace pour circonscrire le noyau ou simplement pour évaluer la dangerosité.

Des familles sont partiellement touchées par l'intégrisme. Deux cas de figures se présentent :

- des parents impuissants face à la radicalisation de leurs enfants :

Il s'agit de familles brisées avec souvent des problèmes de manque de moyens (manques d'autorité, manques de repères).

Ces familles en demande d'aide découvrent tardivement la dangerosité de leurs enfants et se trouvent confrontées à l'angoisse, à la culpabilité, à l'échec de leur éducation. « On se demande quand on a raté le coche. Est-ce qu’on a été trop sévère, trop laxiste ? On ressasse sans cesse les mêmes questions.»

Si l'un des enfants est concerné, d'autres peuvent l'être ensuite. Les exemples sont nombreux où les fratries composées de deux frères amplifient les passages à l'acte violents.

Un bilan complet doit être fait dans chacune de ces familles afin de décider quelle aide est la plus appropriée. Interventions de psychologues-cliniciens spécialistes des thérapies familiales, éducateurs, juges aux affaires familiales éventuellement intervention de sociologues sans oublier bien sûr les juges spécialisés dans les affaires terroristes.

- des parents déjà engagés dans la mouvance intégriste principalement salafiste :

La demande d'aide est inexistante et les interventions plus autoritaires peuvent impliquer des placements en milieux fermés pour épargner les enfants et les adolescents mais aussi pour protéger la société dès que la dangerosité est confirmée.

Tout un panel de mesures éducatives ou ré-éducatives doit pouvoir être proposé. Le questionnement juridique et éthique existe là encore et il est impératif d'y trouver des réponses.

A quel moment doit on prendre des mesures coercitives vis à vis de personnes potentiellement dangereuses mais qui n'ont pas encore eu de passage à l'acte violent ?

Peut on laisser en liberté une personne qui risque de faire de très nombreuses victimes ?

Heureusement, un panel de décisions intermédiaires existent mais doivent se prendre sous la responsabilité des juges spécialisés d'une façon collégiale.

2 - L'aide aux fonctionnaires.

Comme beaucoup de personnes, les fonctionnaires se trouvent déboussolés par la dangerosité des intégristes. Cependant leurs responsabilités professionnelles les placent en première ligne. Les réunions habituelles de synthèse s'avèrent insuffisantes, des séminaires de réflexions à thèse autour de chaque spécialités commencent à être organisés mais des demandes urgentes existent.

L'organisation d'une « hot line » par téléphone et par mail est une aide utile qui ne court-circuite pas les responsabilités mais apporte des informations supplémentaires pour alimenter une réflexion plus éclairée.

Cette hot line doit posséder des impératifs de qualité. Elle nécessite d'être tenue par des personnes compétentes dans chaque corps de fonctionnaires (santé, police, armée, enseignement, prisons...). Elle doit également donner des réponses immédiates par téléphone et dans un temps très court délai de quelques heures maximum par mail pour des questions plus techniques.

Lorsque ces réponses sont insuffisantes, il devrait être souhaitable d'organiser des consultations pour comprendre chaque cas spécifique et permettre une réponse approfondie.

3 - Les interventions dans les établissements scolaires.

Nombreux sont les enseignants et les chefs d'établissements qui demandent des interventions extérieures sur ce sujet. Pour une question simple de sécurité mais aussi par manque de formation sur ces sujets particulièrement sensibles, les enseignants préfèrent que des intervenants extérieurs soient présents afin de répondre à toutes les questions des élèves.

Dans les quartiers difficiles les interventions extérieures sont encore plus impératives. Les enseignants habituels se limitent au programme scolaire classique sans être interpellés par les élèves les plus vindicatifs. Les problèmes rencontrés par les enseignants sur des atteintes à la laïcité sont en nette augmentation, plus de 600 cette année.

D'une autre façon, dans les écoles des réunions de réflexions animés par des spécialistes de la laïcité peuvent être organisées sur simple demande des responsables d'établissements.

La multiplication des Comités Laïcité République sur une grande partie du territoire ainsi que d'autres associations (comme le Cercle Ferdinand Buisson ou d'autres encore dûment labellisés par le ministère de l'éducation nationale) apportent un réservoir intéressant de compétence pour ces interventions. Des expériences décentralisées existent déjà, il est intéressant de les suivre pour en déterminer les suites en les densifiant partout où cela est utile.

Plus généralement, il est prioritaire de permettre l'émergence de l'esprit critique sans humilier les jeunes en recherche de repères. Il est utile de reposer la question de l'enseignement d'une morale laïque à l'école et donc d'une instruction civique pour faire connaître les règles laïques ainsi que le fonctionnement des institutions de la République.

La laïcité doit être expliquée, apprise, respectée. C'est une étape nécessaire et indispensable pour la transmission de certaines valeurs. En effet, la crise des valeurs et la notion de vide existentiel sont omniprésentes. L’importance croissante des crises d’adolescence et des dépressions chez les jeunes adultes sont des symptômes d’une crise de la société qui ne peuvent être laissés sans solutions. Face à la difficulté de trouver un sens à leur vie, certains restent dans l’oisiveté, dans la dépendance ou pire encore peuvent devenir des cibles pour les recruteurs intégristes.

Dans la société contemporaine, nous assistons à des superpositions de valeurs multiples et souvent contradictoires. Suivant nos origines culturelles, religieuses, ethniques, selon nos préférences politiques, les références sont très différenciées. Entre la confusion et le manque, le rapport aux valeurs est souvent problématique et rend difficile la mise en place d'un idéal qui est un moteur d'excellence irremplaçable à la réalisation de chacun mais aussi à l'équilibre de la société.

4 - Le rôle des travailleurs sociaux reste à actualiser.

Présents de multiples façons dans les associations et dans de nombreuses institutions auprès des jeunes en difficultés, le rôle des travailleurs sociaux compte beaucoup dans le symbole de l'état qu'ils représentent.

Un grand débat existe actuellement entre communautaristes et partisans d'une laïcité forte.

Il reste à préciser le rôle des travailleurs sociaux par rapport aux excès du communautarisme et face au dramatique développement de l'islamisme radical.

Les Institutions qui forment ces travailleurs sociaux n'ont pas les moyens et les formations pour répondre efficacement à ces questions. Ainsi en Mai 2016 une responsable déclarait: « il n'y a pas de problème d'intégrisme en France, ce sont ceux qui parlent d'intégrisme qui créent le problème».

Ce débat ne simplifie pas la tâche puisque l'on observe des positionnements tellement différents qu'une démotivation existe chez certains. Il est d'une grande urgence de restaurer une unité par des repères reconnus par tous. Cette question de l'islamophobie place la victimisation au centre d'un débat où l'éthique commune n'arrive plus à trouver sa juste place.

5 - La communication avec les imams.

La religion musulmane sunnite n'est pas hiérarchisée ce qui laisse une très large autonomie aux imams, lesquels se trouvent seuls face à leurs fidèles. Suivant leur personnalité et leur formation aléatoire, ils conseillent et entraînent leurs fidèles vers la modération ou bien vers plus ou moins d'intégrisme. Un suivi régulier, intense et rigoureux de l'administration peut amener des résultats rapides et substantiels.

Actuellement, ces suivis existent d'une façon plus symbolique qu'efficace. Il faut que chaque imam de France soit sous l'influence des lois et ressente d'une façon pressante l'obligation absolue de s'y soumettre. D'une façon moins informelle, l'évolution des mœurs et l'éthique de la société qui les entourent doivent être bien présentes et assimilées par ces hommes particulièrement écoutés par leur communauté. C'est une façon de permettre à cette religion de se séculariser et de prendre une position éloignée des intégristes.

Les relations des élus avec les imams sont souvent problématiques. Il serait bénéfique qu'un service spécialisé assure le lien entre les imams et l'état. Avec fermeté et confiance, un tel lien permettrait une réelle prévention. L'intégration des musulmans dans la société dépend en partie des conseils donnés par les imams à leurs fidèles. Ces imams possèdent tout spécialement une position privilégiée qui est déterminante pour les jeunes musulmans des quartiers difficiles.

6 - L'accompagnement dans les prisons.

L'administration pénitentiaire est lourdement concernée par l'intégrisme islamiste. C'est actuellement un des principaux lieux de radicalisation. Compte tenu de la surpopulation carcérale et du besoin d'isolement des plus radicalisés, la tâche est particulièrement lourde.

La construction de nouvelles prisons est un devoir éthique afin que la France ne soit plus montrée du doigt par les instances internationales et européennes.

En attendant, des tentatives expérimentales voient le jour. Des quartiers dédiés semblent mieux adaptés pour les détenus radicalisés et des binômes de psychologues et d'éducateurs interviennent plus facilement dans le milieu carcéral.

" Il faut éviter de mettre des prosélytes avec des détenus influençables ; ne pas exclure d’y mettre des détenus de droits communs radicaux ; proposer un programme de déradicalisation spécifique pour chaque détenu " conseille Sébastien Pietrasanta dans son rapport « La déradicalisation, outil de lutte contre le terrorisme ».

7 - Un meilleur contrôle éthique sur les réseaux sociaux.

Souvent dénoncée mais jamais complètement solutionnée, la question du prosélytisme djihadiste sur internet est un élément à régler rapidement et complètement.

Les grandes entreprises comme Google, Yahoo, Facebook, Twitter savent efficacement censurer les photos érotiques mais censurent lentement et incomplètement l'apologie de la violence raciale et religieuse. Le savoir faire existe, les algorithmes sont puissants mais la détermination des responsables est contestable. Quelques progrès ont été effectués mais il en reste encore beaucoup d'autres à faire.

8 - Le traitement des informations reçues par toutes ces équipes de déradicalisation.

Dans cette difficile mission de déradicalisation, les différentes équipes sur le terrain sont en possession d'informations nombreuses et parfois déterminantes. Ceci afin d'empêcher des attentats en préparation ou pour mettre hors d'état de nuire certains regroupements, lesquels peuvent basculer dans le passage à l'acte terroriste.

Des réunions de synthèse sont utiles pour évaluer ces informations et pour décider des suites à donner ou non. Les transmissions vers les services de renseignements peuvent être urgentes et dans tous les cas la rétention d'information pour assurer un pouvoir personnel est détestable. L'éthique doit intégrer la solidarité, la confiance, comme des éléments majeurs de ce travail.


IV) Eléments éthiques de l'Organisation

La disponibilité et la fiabilité des intervenants doivent être sans faille. Le choix de ces personnes doit être effectué par des professionnels du recrutement et des ressources humaines très expérimentés. Un véritable travail d'organisation et de coordination est à réaliser. L'intégrité morale et l'éthique doivent compléter les compétences techniques et humaines.

Ces personnes recrutées doivent posséder une motivation exceptionnelle. Le sentiment de faire un travail humanitaire hors du commun et de sauver nos valeurs menacées, participent à cette détermination. Il est possible de trouver de bons professionnels qui ont été concernés de près ou de loin par les attentats précédents ou bien de personnalités mues par un idéal profondément intériorisé et chevillé au corps. La réflexion éthique et philosophique de cet engagement doit pouvoir cheminer et évoluer au fil du travail de terrain qui sera effectué.


Conclusion

La contribution que l'Institut d'éthique contemporaine amène sur le sujet de la prévention contre la radicalisation ne représente pas une étude exhaustive de la question. Elle pourra bien entendu faire l'objet d'un complément de réflexion si nécessaire. Dans un premier temps, notre objectif est d'offrir des pistes et d'aider l'administration dans ce travail particulièrement complexe à organiser.

Comme dans la plupart des réflexions que nous menons, il y a nécessité de créer des règles pour préserver notre sécurité et nos libertés ainsi que de développer des idéaux pour remédier à la maladie d'idéalité si présente dans le monde contemporain.

Les islamistes radicaux nous visent pour notre modèle culturel si éloigné de leur idéologie. Ils détestent notre façon de vivre, notre mixité et notre rapport à la laïcité. Ce principe de laïcité offre des atouts pour préserver nos libertés et pour développer des idéaux insuffisamment présents dans la société contemporaine. La nécessité de construire un idéal est au centre de nos préoccupations.

Dans les mois à venir, d'autres équipes vont rejoindre celles qui travaillent déjà actuellement sur le terrain. Cette déradicalisation comportera de nombreuses initiatives avec toujours une dimension éthique. La nécessité d'une organisation rigoureuse s'imposera pour montrer notre capacité à répondre dignement à ce défi dramatiquement imposé.

Enfin, il est urgent d'avoir sur le sujet de la déradicalisation une organisation exemplaire, cette exemplarité aidera la République à occuper toute la place qui lui revient.

La question des valeurs appartient au domaine privé mais aussi au domaine public, il convient donc d'y travailler avec efficacité et sans retard. Soyons actifs et créatifs pour développer des valeurs contemporaines dans lesquelles une jeunesse puisse s'identifier.

Gérard Vignaux

(octobre 2016)